"Rencontre" [PV Tatsuya]

Le magasin s'étalait fièrement en longueur faisant paraitre la boutique de savon et le bar-tabac de taille minuscule, pourtant la construction qui se situait devant elle ne l'impressionnait pas, en vérité sa taille était tout à fait normal, probablement que c'était les alentours qui faisait voir ce bâtiment comme plus grand que les autres. Le trottoir ridiculement large au niveau de cette rue rendait le contraste totalement visible. Les architectes cherchaient la beauté et la grandeur, malheureusement ce ne fut pas respecté par la population, trop pauvre pour mieux faire et trop avare pour essayer d'agrandir. Tant pis, ce qui est fait est fait et on ne pouvait faire fusionner les magasins entre eux, cela aurait été d'une incohérence immense! Une jeune femme, habillé tout de blanc avec pour seul tache de couleur sa ceinture rouge faisait ressortir la saleté du quartier voisin, qui se situait à une centaine de mètre de là. Ici on se trouvait dans le quartier moyen, ni pauvre, ni riche, juste de quoi vivre. C'était triste, oui triste et pathétique. Et dire que cette jeune personne avait échappé au quartier riche et au luxe pour aller habiter dans un petit studio de son plein gré. La compassion ressentie par le phœnix n'en était que plus forte; c'était son choix, eux ni pouvait rien pour le moment. Un pas, un autre pas et encore un pas. Les pieds joints devant la porte de la boutique d'armes et la main qui s'approchait de la poignée et le regard vide de la demoiselle était un drôle de spectacle. Cette dernière venait par politesse d'abord et ensuite pour se refaire un autre jugement du jeune homme qui tenait le commerce en face d'elle. Doucement, la poignée se tourna. La maudite s'attendait à une porte qui grinçait mais aucun bruit ne fit remarquer la présence de ce client aux personnes déjà présentes dans la boutique. Sur le seuil, n'osant ni avancer ni reculer, la jeune femme tenait toujours la poignée dans sa main et avait inconsciemment peur de la lâcher. C'était comme si, celle-ci était la dernière chose qui la rattachait à la vie normale qu'elle menait. Aspirant avec plaisir l'air de la rue, Alice s'avança à l'intérieur. Quelques coups d'oeil curieux, qu'est-ce qu'une jeune femme comme cela venait faire ici? L'intérieur était un peu étroit mais la pièce du fond avait l'air plutôt grande. Un odeur de cuivre et une autre, étrange, flottait dans l'air. La demoiselle avait la sensation d'être dans un film, elle s'apprétait à tuer son mari pour hériter de l'argent. Chassant ses idées morbides, elle rejoignit le comptoir, attendant de voir quelqu'un surgir.

Tatsuya venait de vendre un masamune, un duo d'épées, à son client le plus fidèle, un homme d'une quarantaine d'années qu'il admirait beaucoup (et c'était réciproque). Le passionné le remerçia en souriant et s'apprêta à sortir lorsqu'il croisa une jeune fille qui semblait perdue et qui se dirigeait vers le comptoir. Surpris, le client se tourna vers le propriétaire du magasin et lui jetant un regard où se lisait l'incompréhension la plus totale. Mais l'aigle ne s'occupait déjà plus de l'homme, occupé à affuter un katana d'une taille respectable. Perplexe, l'homme partit, se demandant ce qu'une aussi belle jeune fille pouvait bien faire dans une telle boutique.

"Bien...maintenant..."

Tatsuya sentit alors une présence peu singulière et leva enfin enfin les yeux de son arme pour jeter un coup d'oeil à la personne qui dégageait cette aura. Il sursauta légèrement en reconnaissant Alice, le phoenix de sa famille.

"Eh bien, en voilà une visite inespérée..."

Un homme, d'un âge proche de quarante ans venait d'acheter des épées et un autre truc dont le noms était totalement inconnu à la jeune femme, tout comme cet objet. Il la fixa un moment, ne sachant s'il fallait lui dire quelque chose, la renseigner sur le fait que le bar-tabac se situait à côté et non ici ou alors l'ignorer. Le regard de cet personne était étrangement rempli de joie mais il jeta un coup d'œil surpris au propriétaire de la boutique. Il ne comprenait pas la présence d'une jeune fille telle qu'Alice, c'est à dire mignonne, plutôt jeune et à l'air aussi vide alors qu'elle parait tout avoir pour elle. Mais la demoiselle lui jeta un simple regard, à moitié vide à moitié froid. Mais avec un effort démesuré, une esquisse, oui simplement une esquisse malgré l'effort intense, apparut sur le visage morne de la maudite. L'ironie de Tatsuya n'ajouta rien à son humeur. Mais le caractère calme de la jeune femme lui permet de répondre simplement avec un brin de malice:

"J'aurai préféré un bonjour amical mais je vais devoir me résoudre à ceci."

S'appuyant contre le comptoir, la main contre la joue, les jambes croisées, Alice ajouta par la suite:

"Comme quoi, la vie est emplie de surprise, tout comme une malédiction."

La maudite changea de position, elle se redressa et s'appuya sur le mur d'à côté, les mains sérrées derrière elle et les pieds croisés. Elle observa encore une fois l'espace de son point de vue. La boutique n'était pas mal organisée, mais on voyait facilement enfin pour le sexe féminin que c'était une organisation faite par un homme et non par une femme. Le plafond était assez haut pour pouvoir mettre n'importe quoi dans le sens de la longueur. La plupart des armes exposées devaient sûrement avoir un nom particulier, enfin c'était une évidence, mais les quelques mots qui vinrent se loger dans l'esprit de la demoiselle semblaient tellement peu par rapport à ceux qui devaient se poster dans l'esprit des professionnels. Elle jeta un coup d'oeil à Tatsuya, se demandant à quoi il pouvait bien penser. Elle ne le connaissait pas, elle avait l'impression de ne connaître personne, d'être seule au milieu du monde. Ses yeux se posèrent enfin sur la porte, celle qu'elle n'avait pas voulu franchir mais qu'elle avait poussé quand même. Celle qu'elle aimerait rouvrir mais qu'elle observait. Celle qui la sauverait à la fin de l'échange, ou la ferait se sentir triste. Tout dépendait de l'aigle maintenant.

Une ébauche de sourire naquit sur les lèvres de Tatsuya. Un bonjour amical...il avait encore du mal à envisager d'offrir une telle chose à quelqu'un qui le voyait comme un simple remplaçant, ce qu'il n'était pas.

"Il ne suffit pas de vouloir quelque chose pour qu'elle se réalise, loin de là."

Elle se plaça ensuite dos au mur après avoir dit que la vie était pleine de surprises et avoir fait le parallèle avec la malédiction.

"Je suis d'accord avec vous. Mais les surprises n'apportent pas toujours le bonheur."

Il se tut un instant. L'image de sa mère s'effondrant devant ses yeux, terrassée par une crise cardiaque le jour de son anniversaire alors qu'il n'était encore qu'un enfant, avait été la "surprise" la plus horrible qui soit. Il savait qu'elle était malade, mais jamais il n'aurait cru qu'elle allait le quitter ainsi. Le cadeau d'adieu n'était pas vraiment ce à quoi l'aigle s'attendait.

"...loin de là."

Le jeune homme souleva le katana, le soupesa et le fit tournoyer entre ses doigts, puis le fit passer d'une main à l'autre avec une dextérité étonnante. Le magasin, bien qu'élégant et raffiné, ne pouvait rivaliser avec ce qu'émanait son propriétaire à cet instant. Une impression de quiétude absolue, mêlée à une tristesse et un chagrin indicibles. Une maîtrise sans égale, mais améliorée sans cesse pour dissimuler quelque chose de profondément enfoui.

"Voyez-vous, cette lame...pour moi, elle est comme la vie. Elle peut donner quelque chose d'indescriptible, mais qui procure une joie immense. Mais elle peut également ôter ce que nous passons des années à édifier et à fortifier."

Tout dépendait de l'aigle, oui de lui et pour le moment, la porte l'attirait plus qu'autre chose. C'était une chose rare, d'habitude la demoiselle s'entendait avec tout le monde, quelque soit son caractère et son physique, mais là elle avait énormément de mal à entretenir une conversation normale sans effort, il lui fallait prendre sur elle pour lui parler. Peut-être qu'à la fin de leur échange ils seront "amis" ou peut-être qu'elle en ressortirait toujours aussi seule, comme une parfaite inconnue. Elle n'avait pas envie de répondre, se sentait mélancolique et lasse, vide d'expression et de sentiment. Bien sûr qu'il ne suffisait pas de souhaiter pour obtenir, sinon elle ne serais plus Alice la faible, mais Alice la forte qui ressemble au phœnix et qui aurait fait la fierté de sa mère qui serait toujours là. Qui a dit que les surprises apportaient le bonheur? Non, jamais. La maudite n'avait jamais connu une surprise heureuse, elle était tellement seule que rien ne la surprenait, pourtant elle faisait des efforts pour être encore moins égoïste mais rien ne marchait. Le reflet de la lame attira le regard de la demoiselle, lui donnant une lueur d'étincelle ainsi qu'un peu de vie. Elle observa un moment la lame, elle ne voyait pas vraiment ce qu'elle pouvait donner, c'était une arme et pour Alice, rien venant d'elle ne pouvait apporter la joie. C'était un objet pour tuer, c'était pire qu'une malédiction, une fois le gout du sang rien ne pouvait arrêter l'individu:

"Une joie immense? Il faudra m'expliquer en quoi alors."

La maudite n'avait pas eu l'intention d'être si froide dans ses paroles mais ça lui avait échappé trop vite et elle n'avait pu ravaler ses paroles et les oublier. Le katana passa d'une main à l'autre rapidement, peut-être que l'aigle aussi avait cette rapidité et ce gout prononcé pour ce qui tranchait, comme son bec. Elle détailla rapidement Tatsuya, souvent l'animal avait une influence visible sur le caractère et le physique. Physiquement oui mais au niveau du caractère? Alice connaissait peu l'animal et n'aurait pu le dire mais il ne ressemblait pas à Shin. Elle était mal placé pour dire quoi que se soit vu son peu de ressemblance avec le phœnix. D'un ton plus aimable elle ajouta alors, histoire d'effacer ce premier début foireux et glacial:

"Vous tenez depuis longtemps cette boutique?"

Banale, certes mais que dire d'autre? Elle n'arrivait pas à lui parler et aucune idée ne semblait vouloir se former dans l'esprit embuée de la demoiselle qui attendait une réponse et peut-être un moyen de rebondir pour poursuivre la conversation.

Comme il aurait pu s'en douter, elle ne comprenait pas en quoi le maniement des armes pouvait procurer de la joie. Seuls Tatsuya et ses clients les plus fidèles pouvaient ressentir ce sentiment qui faisait tout oublier.

"J'ai toujours beaucoup de mal à mettre des mots sur ce sentiment. Disons...qu'on fait corps avec la lame. On devient un souffle de vent, une brise légère qui ne fait que passer dans un sifflement, mais qui laisse sa trace. En se concentrant sur l'arme, et seulement sur elle, on parvient à faire abstraction de tout le reste. La lame devient le prolongement de nous-même dans une dimension ouverte au seul bretteur ou maître d'armes. Evidemment, le danger est de devenir le bras fantôme qui tient la lame et assouvit tous ses désirs. Quand l'arme pénètre l'esprit jusqu'à occulter notre volonté, alors seulement nous devenons des êtres dangereux et qualifiés de fous par nos pairs."

Alice posa ensuite une question qui révéla à Tatsuya l'état d'esprit de son interlocutrice. Elle n'avait rien à dire de spécial. Elle était venue là à sa demande. Peut-être aussi par curiosité. Elle devait lui en vouloir de prendre la place du fameux Shin.
L'aigle posa une main sur le comptoir, y prit appui et, d'un bond, balança ses jambes de côté pour franchir l'obstacle en souplesse. Il se retrouva ainsi face à Alice.

"Cela fait quelques mois seulement. Mais j'ai déjà des clients fidèles et visiblement contents de mon travail."

Il esquissa un sourire minuscule, à peine visible.

"Il faut vivre pour soi, mais interagir avec les autres. J'ai longtemps été trop renfermé sur moi-même, après la mort de ma mère. Et j'ai compris que rester ainsi seul me conduirait à ma perte. Et ce n'est pas ce qu'elle aurait souhaité."

Alice ne comprenait pas très bien ce qu'il ressentait avec une lame dans la main, honnêtement elle n'arrivait pas à saisir ce qu'une lame aussi belle soit-elle et aussi tranchante soit-elle procurait autant de joie. Ils n'avaient sans doute pas la même conception des choses, non pas sans doute, ils n'avaient pas du tout la même conception des choses point final. Mais peut-être qu'une ressemblance même infime existait et pourrait leur permettre de devenir plus que de simple membre d'une même famille, ç'aurait pu être n'importe quoi, un sentiment, un souvenir, un trait de caractère... D'un bond simple Tatsuya passa au dessus du comptoir. Admirative, Liçou détailla alors sa silhouette, plutôt grand, enfin plus qu'elle et assez musclé mais sans que cela ne devienne moche. Il finit par répondre à sa question mais ce qu'il ajouta après lui fit oublier l'objet de sa demande. Ces dernières paroles étaient ce qu'elle recherchait, un lien commun, un sentiment: la solitude, la souffrance. Comme elle, il avait perdu sa mère mais il devait sans doute avoir des liens beaucoup plus soudés avec la sienne qu'elle-même. Maudite sans aucune ressemblance avec l'oiseau légendaire de feu. Et sa mère, qu'aurait-elle attendu de sa fille? Qu'aurait-elle souhaité pour son avenir? Peut-être qu'elle s'attendait tellement à voir Alice mourrir qu'elle ne s'était même pas posé la question. Une douleur de plus pour le petit coeur meurtri de la demoiselle qui augmenta son rythme cardiaque. Il battait vite et fort, elle entendait le bourdonnement dans ses oreilles et sentait son pouls s'accélérer. Elle avait besoin d'air mais ne bougea pas. Une sensation de chaleur envahit son corps. Se mordant discrètement les lèvres pour évacuer tout ceci elle retrouva un rythme normal et répondit, essayant de paraître en bon état:

"C'est vrai, n'est-ce pas ce que souhaite toutes les mères? Je ne suis sans doute pas une très bonne connaisseuse en la matière, c'est peut-être pour cette raison que je ne comprends pas le sentiment de joie qu'une lame crée mais peut-être qu'un jour j'y arriversais."

La jeune femme avait souri et parlé avec bonne humeur mais le coeur n'y était pas, il souffrait. Alice était une poupée cassée qu'on ne pouvait pas réparer.

Derrière son sourire apparemment sincère, la jeune fille cachait une souffrance au moins égale à celle qu'il portait depuis si longtemps maintenant. Il n'arrivait pas à trouver les mots justes pour ne pas la blesser.

"J'espère pouvoir vous le faire découvrir. J'en serais enchanté, en tout cas."

Elle se sentait mal à l'aise, c'était évident. L'empathie était un don chez l'aigle, ce qui en faisait une personne sensible malgré les apparences. Les armes étaient son refuge, son rempart contre la souffrance d'autrui, qu'il ressentait avec une telle intensité (et qui s'ajoutait à la sienne) qu'il préférait souvent rester seul. Il prit alors spontanément la main de sa cousine dans les siennes et la serra brièvement, mais avec force, sans pour autant la lui broyer.

"Excusez-moi si j'ai ravivé des souvenirs douloureux. Ce n'était pas mon intention."

Il marqua une pause, sans toutefois lâcher la main d'Alice.

"Etes-vous d'accord pour m'accorder une chance de vous prouver que je ne suis pas celui que vous croyez ?"

La découverte d'une lame et la maitrise de celle-ci devait sans doute permettre à l'aigle de s'échapper de ce monde. Quel attrait pouvait-on lui trouver? Qu'est-ce qui la retenait ici au juste? Sans doute la peur de faire mal à une nouvelle famille en provoquant un nouveau phœnix. Un gout familier s'introduisit alors dans sa bouche. Sa brusque réaction face à son rythme cardiaque avait des conséquences mais les lèvres de la jeune femme était totalement habituée à ce traitement et bien vite la plaie se referma. Dans une heure ou deux on ne pourrait plus rien voir. La jeune femme sentit sa main bouger ainsi qu'une chaleur autre que la sienne, enfin façon de dire car la main de Tatsuya était évidement moins chaude que la sienne. Quel être humain pouvait avoir un température plus élevée que la maudite du phœnix? Ce geste simple et amical, même si sans doute c'était un réflexe du jeune homme lui fit chaud au cœur, seul cet organe devait être normal et ne pas répercuter l'influence de l'oiseau légendaire du feu. Les paroles de l'aigle la firent sourrir et elle répondit gentiment:

"Ce n'est pas de votre faute... Je suis partante pour vous en laisser une."

Alice regarda Tatsuya, ou plutôt semblait le regarder mais elle pensait à Shin, que lui était-il arrivé depuis la soirée? Comment s'était passé son entrevue avec le chef de famille. Elle se sentait tellement en faute envers lui qu'elle ne savait comment se montrer gentille et essayer de combler la tristesse qu'elle avait du lui causer. Puis revenant au présent elle annonça avec le sourire:

"Mais, je ne sais pas qui vous êtes, alors montrez moi simplement comment est l'aigle royal."

Alice semblait disposée à laisser une chance à l'aigle de lui montrer qui il était vraiment, au final. Il sourit à Alice, d'un vrai sourire, cette fois, même s'il n'était pas tout à fait achevé, comme s'il lui manquait quelque chose. Un sourire plein de bonne volonté, mais sans âme. Vide, comme le coeur du jeune homme. Même si son amie d'enfance, Evelina, et Hana, une autre de ses anciennes camarades de jeu, avaient commencé à insuffler à Tatsuya un renouveau, la promesse d'une nouvelle vie, il y avait encore beaucoup de chemin à faire.

"Bien. Je saurai saisir cette chance, dans ce cas."

Elle voulait savoir qui était l'aigle royal. Il fit doucement non de la tête.

"Je suis l'aigle royal, mais je suis avant tout un être humain, qui a certes perdu beaucoup des caractéristiques de son espèce, mais qui vit comme tel. Je vous montrerai qui est Tatsuya, la "flèche de dragon", le prénom qu'a choisi ma mère. Et je vous montrerai comment l'animal qui m'habite et la personne que je suis sont à la fois liés et distincts."

Alice failli éclater de rire aux dernières paroles, elle avait l'impression d'être au lycée, en cours de français. Introduction, suivi du I Un être humain Tatsuya "flèche de dragon" puis II La vie de celui-ci avec les caractéristiques de l'aigle et pour finir III Un animal et un être humain à la fois proches et lointains (désolée, 2 h de français ce matin). La demoiselle opina de la tête avec un grand sourire et ses dents qui mordaient ses joues pour ne pas rire. C'était de une malpoli et de deux pas vraiment sympathique envers l'aigle royal, qui rappelons le se diffère de son maudit. La jeune femme finit par se calmer toute seule, c'était rare qu'elle se laisse autant aller, d'habitude elle savait passer outre mais là heureusement qu'elle avait retenu et ravaler son rire. Comme quoi, le jeune homme provoquait des choses qu'on ne voyait pas souvent chez la maudite. Cette dernière remit sa frange en place d'un geste simple de la main:

"Alors recommençons les présentations!"

Regardant autour d'elle pour voir si quelqu'un pouvait les entendre ou non elle ajouta par la suite:

"Alice Yusaki, maudite du phoenix. J'ai actuellement 17 ans, je suis dans le lycée du coin et habite en dehors de la résidence des Yusaki!"

Un grand sourire suivi d'une main qui se tendit vers Tatsuya.

[Tu sais, la prépa littéraire commence déjà à déteindre sur ma santé mentale xDDD]

Malgré le fait qu'elle ait tenté de cacher son début de fou rire, Alice n'avait pas dupé Tatsuya. Il était content de l'avoir fait "rire", même si elle ne s'était pas complètement relâchée. Un point de marqué, se dit-il. Elle refit alors les présentations, déclinant nom, prénom, âge, animal qui l'habitait et lycée qu'elle fréquentait. Ce fut à son tour de se retenir de rire aux éclats devant un tel formalisme. Il serra la main que lui tendait sa cousine.

"Tatsuya Yusaki, maudit par l'aigle royal. J'ai 20 ans, déjà mes diplômes et, comme vous avez pu le constater, je possède un magasin d'armes dont la spécialité réside dans les armes blanches."

Tatsuya avait remarqué son "fou rire" et elle avait remarqué le sien. Au final, ils ne s'entendaient pas si mal que cela. La porte ainsi qu'une bouffée d'air frais étaient en train de laisser de la place dans ses pensées. Après la présentation du jeune homme, la demoiselle répondit rapidement pour ne pas laisser de blanc, un truc désagréable c'est quand deux personnes se présentent et qu'un gros blanc suit leur présentation:

"Diplômes? Quelles formations?"

Quelles formation devait-on avoir pour tenir un magasin d'armes blanches, la maudite n'en avait aucune idée, peut-être tout simplement que ce qu'il avait voulu faire n'avait pas marché ou qu'il n'avait pas pensé à faire ce métier. D'ailleurs, elle, actuellement en terminal, où devait-elle aller par la suite?

"J'ai une formation de littérature, mais en parallèle, j'ai suivi les cours de l'Ecole d'Apprentissage des Maîtres d'Armes. C'est assez coûteux, et mon père a fait tout ce qu'il a pu pour financer à la fois mes études littéraires et mes cours à l'EAMA. Je travaillais à côté, c'était assez fatigant, mais ça en valait la peine. J'ai eu mon diplôme de fin de cursus en littérature, puisque j'aimais ça, mais que mon père, très justement, m'avais vivement conseillé d'obtenir au cas où je raterais l'examen pour pouvoir être agrégé spécialiste en armes blanches."

Tatsuya fut heureux de constater qu'elle avait l'air de l'apprécier, pour le moment. Tant mieux...

Le long parcours de Tatsuya faisait tourner la tête d'Alice, littérature, sincèrement les commentaires et tout le reste ça l'amusait pas trop. Bien qu'elle soit très vive et intelligente, chercher les métaphores et le reste ne la faisait pas rire, c'était lourd et ennuyeux. La demoiselle jeta un regard autour d'elle pour revoir la boutique:

"Et comment cette idée (de faire un commerce d'armes) vous est-elle venue?"

Comment? Qu'est-ce qu'il l'avait poussé à faire ce travail. Et elle, quel serait le déclic pour ses études d'après. Elle avait une vague idée, étant maudite dans la famille Yusaki elle pouvait bénéficier facilement de l'argent qu'ils lui donnaient et pouvait donc choisir la voie qu'elle souhaitait sans tenir compte de l'aspect financier.

[Désolée pour l'absence, mais le rythme de travail s'accélère, j'ai passé l'aprem' à la bibliothèque pour faire des recherches pour ma dissertation x_x]

Alice demanda au maudit de l'aigle la raison qui l'avait poussé à faire un commerce d'armes.

"Disons...que les armes ont toujours été fascinantes pour moi, même quand j'étais gamin. Et j'ai décidé de faire de ma passion mon métier. Je me suis dit que je devais rendre heureux les gens qui partageaient cette passion avec moi. Et le meilleur moyen a été...de fabriquer, puis de vendre ces armes."

Le jeune homme fit un sourire à sa cousine. Il se souvint alors de sa mère lui interdisant de jouer avec l'énorme couteau de cuisine, craignant qu'il ne se blesse. Elle ignorait alors, à ce moment-là, la blessure incurable qu'elle allait causer à son fils en disparaissant...

(O-o mon message a disparu!!!!!@-@)

Une passion, oui c'était cela qui poussait quelqu'un a faire un tel métier, mais elle, en avait-elle? La maudite se sentait bien banale et un peu triste de n'avoir rien qui l'enflammait au point de redoubler d'effort pour l'atteindre. Mais ce n'était pas tout à fait vrai, elle s'énervait pour Shin, c'était sans doute à cause de la culpabilité qui la dévorait quand il était présent. Alice soupira:

"C'est bien, je trouve..."

Les deux parties de la phrase avaient été séparé par un blanc étrange, un peu comme une hésitation mais pas tout à fait, quelque chose de bizarre. C'était étrange comme sentiment, elle se sentait toute chose. Elle ne savait pas quelle serait sa voix après le lycée. Bon nombre de maudits ne travaillaient pas ou alors était dans une filière où ils peuvent faire quelque chose de concret. Créer quelque chose qui n'aurait pas exister sans eux, cela les aidait à s'accepter eux même et à être conscient de leur utilité. Mais comment s'accepter elle? Un être comme elle qui ne méritait même pas le titre d'être vivant! Une fille, non, un monstre comme elle, que faisait-il là sur Terre avec les autres?

Tatsuya se rendit compte qu'elle n'avait pas l'air vraiment emballée par ce qu'il lui disait. Elle n'avait certainement pas trouvé sa voie.

"Ca viendra, j'en suis sûr."

Il se dirigea vers l'étagère à sa gauche et décrocha un petit poignard pour le tendre à sa cousine.

"Voulez-vous l'essayer ?"

Le jeune homme avait du sentir l'hésitation de la jeune femme et la rassura en deux, trois mots. Il prit alors un petit poignard et le tendit à la demoiselle qui ouvrit des grands yeux, peu rassurée par l'arme, maladroite elle e=sentait que bien vite elle ferait une bêtise! Mais, respirant calmement elle demanda comme pour être sure:

"Je peux vraiment?"

Sans attendre de réponse elle avança la main vers l'arme et attrapa fermement le manche, elle se sentait un peu idiote, essayer quoi d'abord? La maudite ne savait pas trop quoi faire et se sentait un peu mal à l'aise d'être entourée que de passionnés:

"Je dois faire quoi au juste? @-@"

Tatsuya sourit et acquiesca quand Alice lui demanda, d'un air hésitant, si elle "pouvait vraiment". Cette dernière le saisit ensuite et se retrouva avec le poignard dans la main, sans trop savoir quoi en faire.

"Il n'y a plus personne, maintenant, aucun problème. Allez-y, maniez-le, doucement, essayez de faire quelques mouvements avec, faites connaissance et corps avec ce poignard. Le poids et la taille sont adaptés pour vous, alors n'hésitez pas. La gaine sur la lame vous évitera une blessure."

Ce que racontait Tatsuya ne prenait pas forme dans l'esprit de la demoiselle, c'était tellement abstrait qu'elle se sentait totalement idiote d'avoir un poignard dans la main. Repassant en boucle ce qu'avait dit le jeune homme, la jeune femme ne réussit pas à trouver quoi faire avec. Des mouvements, mais quoi? Et puis faire connaissance, elle savait déjà que les poètes communiquait avec la nature mais elle se voyait mal, elle Alice parler avec un petit poignard fait d'une matière inconnue, peut-être du fer ou un truc dans le même genre. C'était peut-être adapté à elle mais cela ne lui indiquait pas la marche à suivre. La jeune femme finit par tourner l'objet sur lui-même histoire de l'observer mais après? Elle tendit alors la main et fit un arc de cercle autour d'elle tout en faisant attention à ne rien casser:

"Je dois avoir l'air idiote, je ne sais pas du tout quoi faire..."

Tatsuya fit non de la tête.

"C'est normal de se retrouver un peu désemparée devant un tel objet la première fois. Regardez."

Le maudit prit une dague à sa ceinture et la dégaina, la lame luisant d'un éclat bref et intense. Il commença alors à le faire bouger, de haut en bas, pourfendant l'air, puis de gauche à droite, et entama alors une danse compliquée. Il n'allait pas trop vite afin qu'Alice puisse voir ses mouvements.

"Vous voyez ? Une espèce de danse. Même si les premiers pas sont toujours un peu maladroits."

Alice observa attentivement chaque geste et chaque déplacement de la main du jeune homme, fermant un instant les yeux pour bien se rappeler de chaque mouvement, la demoiselle réessaya déterminée. Malgré la complexité de la danse de la dague, la maudite réussit à reproduire, avec beaucoup de maladresse, une petite partie de ce que venait d'accomplir Tatsuya:

"C'est sûr, il n'y a pas d'autres mots pour qualifier ce que je fabrique."

Maladroit, si l'on combinait une maladroite avec des gestes pareils, cela donnait un mélange étrange, intéressant par sa différence mais très curieux tout de même.

"Vous voyez, vous avez réussi à reproduire un morceau de mes gestes. C'est pas mal, pour un début. Ca viendra, ne vous en faites pas. J'étais comme ça, moi aussi, quand j'ai commencé. C'est comme lorsqu'on joue d'un instrument. Quand j'ai commencé à faire du violon, mon père se bouchait les oreilles sans arrêt tellement j'étais mauvais. Mais j'ai pu m'améliorer, peu à peu."

Il posa sa main sur celle d'Alice, celle qui tenait le poignard.

"Il est à vous, si vous le souhaitez. Cadeau de la maison."

Mais jouer d'un instrument c'était pas vraiment la même chose qu'apprendre à faire une danse avec un poignard!! C'était deux choses bien distinctes mais elle essayerait quand même! Les compliments du jeune homme et sa main sur la sienne la firent sourire, il n'était pas du tout horrible mais gentil, extrêmement gentil, peut-être un peu trop encore sur les convenances vu qu'il la vouvoyait encore. Lui adressant son sourire, elle serra un peu plus fort le poignard et telle une enfant elle lui répondit:

"Merci!! Je vais m'améliorer!"

Regardant le poignard, la maudite remarqua qu'elle ne lui avait pas demandé si il lui donnait vraiment, elle devait commencer à prendre la grosse tête!! @-@ Mais bon, c'était une angoisse de moins!

"Si l'on arrêtait de se vouvoyer, je trouve ça un peu trop pompeux!" °3°

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